"L' acceptation profonde" de Jeff Foster

"Les circonstances de nos vie ne peuvent jamais être vraiment la cause de notre souffrance, et c'est toujours notre réaction aux circonstances qui crée notre souffrance. Nous souffrons uniquement lorsque nous cherchons autre chose que ce qui est, lorsque nous tentons d'échapper à certains aspects de notre expérience présente. (...)
 
L'acceptation ne signifie en rien que nous devons abandonner toutes nos tentatives d'empêcher de mauvaises choses d'arriver si elles sont inévitables. Je n'affirme en rien que nous devrions simplement nous asseoir et laisser des situations non souhaitables se produire alors même que nous pourrions faire quelque chose. Personne ne veut voir les personnes aimées tomber malades. Personne ne veut perdre tout son argent ou être blessé dans un accident de voiture. Personne ne veut être abandonné par la personne aimée. Personne ne veut être attaqué. Mais ces choses se produisent dans la vie et la vie ne se produit pas toujours en accord avec nos plans. Même lorsque nous avons les meilleures intentions, que nous planifions au mieux, que nous sommes aussi positifs que l'on peut l'être, que nous prions, que nous tentons d'accomplir le destin qui nous incombe, que nous essayons de suivre un chemin spirituel et de nous placer dans une perspective d'évolution spirituelle, même dans toutes ces perspectives, il se trouve qu'il se produit des choses dont nous n'avons en rien choisi qu'elles se produisent et nous pouvons alors voir, encore et encore, qu'ultimement, nous ne contrôlons pas cette chose que nous appelons la vie. (...)
 
Si nous voulons vraiment être libres, nous devons faire pleinement face à cette réalité les yeux grands ouverts. Nous devons nous éloigner du déni, de la rêverie, de l'espoir, et dire la vérité sur la vie telle qu'elle est. La grande liberté réside dans le fait d'admettre la vérité de l'instant, et ce même si elle pulvérise nos espoirs, nos rêves et nos plans. (...) L'acceptation gravite autour du fait de voir la réalité, de voir les choses telles qu'elles sont, et non pas telles que nous aimerions qu'elles soient. A partir de ce lieu de totale coïncidence avec ce qui est, toutes les possibles actions créatives, intelligentes et inspirées par l'amour voient le jour.(...)
 
Notre peur la plus profonde n'est pas la peur de la mort; mais la peur de la vie. C'est la peur de vivre - vraiment vivre -, d'être vraiment vivant et éveillé dans l'ici et maintenant, d'être sans protection face à l'énergie brute et sauvage qui est la vie elle-même. La vie inclut tout - pas uniquement les bonnes choses ou les choses positives ou heureuses -, tout comme l'océan inclut toutes les possibles vagues -, et pour être vraiment vivant, nous devons nous ouvrir à l'intégralité de la vie. Oui, la vie est joie, béatitude, bonheur mais elle est aussi douleur et tristesse, peur, colère, confusion et impuissance. Admettre que nous ne pouvons nous protéger d'aucune des vagues de l'océan de la vie, que ce que nous sommes est si vaste et inconditionnel et libre qu'on ne peut pas faire autrement que tout autorisé de l'intérieur. Nous ouvrir à la vie est équivalent au fait de nous ouvrir à la mort - la mort de ce que nous avions cru être, la mort de notre vision imaginaire de nous-même.(...)
 
Peut-il être acceptable pour nous de nous sentir blessé, dans l'instant et de ne rien faire à ce sujet qu'elle que soit l'intensité de la rébellion de l'ego contre cette possibilité?(...) La blessure profondément acceptée détruit l'histoire que "je suis profondément blessé". (...) Si je veux avoir un coeur ouvert, si je veux rester radicalement ouvert à vous, je dois m'ouvrir complètement à la douleur dans cet instant. C'est donnant donnant. Sinon, je deviens celui qui est blessé - ou le mal aimé, ou le désespéré, ou celui qui souffre. Je suis coupé de vous et mon coeur est fermé. (...) L'acceptation ne signifie pas que la douleur ou la blessure s'en va. Je pense que c'est une erreur énorme que font les gens. Ils s'attendent à ce qu'une fois cette acceptation profonde découverte, toutes les blessures, les douleurs et les envies étranges disparaissent magiquement. (...) 
 
Il peut y avoir de la souffrance. Il peut y avoir une forte envie de se débarrasser de la souffrance, une forte envie de porter des coups et de faire mal en retour. Et il peut y avoir le voeu que tout s'en aille. Tout est permis ici, en cet instant. (...) Je ne cesse jamais de m'étonner de la nature intégralement inclusive de la vigilance. Elle est si radicalement aimante, si inconditionnelle dans sa capacité d'inclure, qu'elle ne rejette jamais une seule pensée, une seule impression, une seule sensation, une seule odeur, un seul son. 
 
Ainsi, au nom de l'Amour véritable, abandonnons toutes nos idées au sujet de l'amour. Abandonnons toutes nos idées au sujet des relations. J'abandonne toute idée sur ce que je devrais ou ne devrais pas ressentir à côté de vous. (...) Si la joie, la félicité, l'excitation, la chaleur, les impressions agréables vont et viennent en moi en votre présence, c'est merveilleux. Je vous aime au milieu de ces impressions. Mais l'amour authentique ne consiste pas uniquement à ressentir les bonnes choses. Il ne s'agit pas uniquement des sentiments chauds, molletonnés, plaisants, romantiques. C'est une idée horriblement limitée de l'amour. L'amour est suffisamment grand pour tout contenir. Si la frustration, la confusion, la souffrance, la colère, la tristesse, la douleur, l'ennui et même le désespoir, le dégoût, l'impuissance vont et viennent en moi en votre présence, je trouve que ces vagues sont aussi profondément permises dans ce que je suis. Elles ne sont pas une menace à l'amour; elles sont une expression de l'amour, aussi étrange que cela puisse paraître pour l'esprit conditionné. Ainsi, je peux encore être radicalement ouvert à vous. Je continue d'être en relation même au milieu des impressions les plus douloureuses et les plus inconfortables. Pourquoi voyons-nous les relations comme une sorte de bulle protectrice dans laquelle certaines vagues dans l'océan ne sont pas permises. Qu'essayons-nous de protéger exactement? Une image de seconde main de ce à quoi une relation devrait ressembler? Une relation, tout comme ce que nous sommes vraiment, est un océan assez vaste pour permettre toutes ces vagues."